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Le Hall de la chanson propose un spectacle dont le tour de chant invite à un parcours de lente levée des non-dits au fil des décennies de chansons évoquant la Shoah et/ou la rafle du Vel-d’Hiv’, du flou vers une plus grande netteté de contours.

Spectacle disponible en tournée en 2018-2019
et 2019-2020

Devis sur demande

Résultat d'un travail commun lors d'une résidence artistique au Musée Dauphinois (Grenoble, Isère), ce spectacle est constitué de reprises de chansons depuis les années 1950, moment où les chanteurs, personnellement concernés par cette tragédie, peinent encore à exprimer cette mémoire sensible avec les mots et les musiques de leur temps et dans la singularité de leur style. Plus qu’une simple reproduction à l'identique des œuvres, ce tour de chant cherche (comme tous les spectacles du Hall de la chanson) à parler aux oreilles de notre temps, par le truchement d’une interprétation et d'un arrangement musical – qui resteront des plus sobres –, afin de réduire les obstacles esthétiques qui barrent souvent l’accès aux plus jeunes.

En 1956, soit 12 ans après la rafle du Vel’ d’Hiv’, Yves Montand crée une chanson écrite pour lui par Jean Guigo et Loulou Gasté – Vel d’Hiv –, où il n’est question que du plaisir intense et collectif des enfants et des adultes assistant aux courses de vélo dans un site vu comme un simple temple du sport. Absolument aucune allusion dans cette chanson à la sinistre nuit du 16 au 17 juillet 1942 et aux plus de 13 000 personnes (dont 4 115 enfants) déportées vers les camps d’exterminations d’Auschwitz-Birkenau à partir de ce stade-vélodrome. Tels sont le silence assourdissant et l’aveuglement des Français dix ans après la fin de la guerre sur le génocide perpétré par les Nazis avec la complicité zélée du système vichyste. Il faudra attendre plusieurs décennies pour que la Shoah soit reconnue dans sa spécificité parmi les autres victimes déportées et pour que les chansons s’emparent du sujet.

Nuit et brouillard de Jean Ferrat (1963), lui-même fils de déporté assassiné à Auschwitz, en effet dénonce les crimes nazis. Mais il mêle victimes de la « solution finale » d’Hitler et les autres déportés (politiques notamment), sans distinction. Cette chanson, malgré ce flou réunissant artificiellement toutes les victimes des camps sans affirmer de spécificité, sera « fortement déconseillée » par le directeur de la Radiodiffusion et de la télévision françaises. C'est dire à quel point les Français dans les années 1960 sont encore loin d’accepter de regarder en face les crimes nazis et les crimes de l’Etat français perpétrés contre les Juifs. 

Ce seront presque invariablement les artistes directement concernés, eux-mêmes enfants cachés, puis les enfants des survivants, qui après plusieurs décennies écrivent des chansons sur le sujet : Sylvain Reiner et Joël Holmès (Rue des rosiers, 1965), Barbara (Mon enfance, 1968), Jean-Jacques Goldman (Comme toi, 1983), Catherine Ringer des Rita Mitsouko (Le petit train, 1988)...

La visibilité du sujet dans la production de chansons jusqu’à l’orée du XXIe siècle suit la percée du silence, très progressive et très espacée, dans tous les arts (cinéma, littérature) et dans les médias.

au programme

Monsieur Tout-Blanc, P&M : Léo FERRÉ, 1949

Nuit et brouillard, P&M: Jean FERRAT, 1963

Göttingen, P&M : Barbara,  1964

La rue des Rosiers, P : Silvain Reiner / M : Joël Holmès, 1965 (créatrice Pia COLOMBO)

Mon enfance, P&M : Barbara,  1967

Petit Simon, P : Hugues AUFRAY, Vline BUGGY / M : Alex ALSTONE, 1968

Comme toi, P&M : Jean-Jacques GOLDMAN, 1982

Anne, ma sœur Anne, P&M : Louis CHEDID, 1985

Le petit train, P : Catherine RINGER / M: Frédéric CHICHIN (RITA MITSOUKO), 1988

Le petit grenier, P&M : Anne SYLVESTRE, 2003

avec 

Camille Plocki, interprétation, chant

Joachim Machado, arrangements, guitare

 

Une création du Hall de la Chanson sur une idée de Serge Hureau et Olivier Hussenet

Spectacle

Quand les chansons se souviennent de la Shoah

Spectacle disponible en tournée en 2018-2019
et 2019-2020

Devis sur demande