
© Virginie Fendler
Chansons de tous les temps
Avec le temps (P&M : Léo Ferré, 1971, © Les Nouvelles Editions Méridian, Paris (France)
Avec l’aimable autorisation de Les Nouvelles Editions Méridian, Paris (France) et des ayants droits
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Paroles
Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en va
On oublie le visage, et l'on oublie la voix.
Le cœur quand ça bat plus c'est pas la peine d'aller
Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien.
Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en va
L'autre qu'on adorait, qu'on cherchait sous la pluie
L'autre qu'on devinait au détour d'un regard
Entre les mots entre les lignes et sous le fard
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit
Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en va
Même les plus chouettes souv'nirs ça t'a une de ces gueules
A la Galerie j'farfouille dans les rayons d' la mort
Le samedi soir quand la tendresse s'en va tout' seule.
Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en va
L'autre en qui l'on croyait pour un rhum' pour un rien
L'autre à qui l'on donnait du vent et des bijoux
Pour qui l'on eût vendu son âme pour quelques sous
Devant quoi l'on s' traînait comme traînent les chiens.
Avec le temps va tout va bien
Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en va
On oublie les passions et l'on oublie les voix
Qui vous disaient tout bas les mots des pauvres gens
Ne rentre pas trop tard surtout ne prends pas froid
Avec le temps...
Avec le temps va tout s'en va
Et l'on se sent blanchi comme un cheval fourbu
Et l'on se sent glacé dans un lit de hasard
Et l'on se sent tout seul peut-être mais peinard
Et l'on se sent floué par les années perdues
Alors vraiment
Avec le temps ... on n'aime plus.
Avec le temps est l’une des chansons les plus célèbres de Léo Ferré. Elle rassemble deux traits fondamentaux de cet auteur-compositeur-interprète : son côté anarchiste et son versant sentimental. Elle aura un grand succès.
Cette « chanson de désamour » (expression de Jacques Vassal que l’on retrouve dans son ouvrage "Léo Ferré, l’enfant millénaire") parle des ravages du temps sur les sentiments censés être éternels.
Agacé par le succès de cette chanson, Ferré aimait dire qu’il l’avait pondue en deux heures (paroles et musiques) « parce qu’il n’avait rien d’autre à faire ». Selon la légende, l’auteur pensait à sa rupture avec Madeleine Rabereau avec qui il était marié depuis 21 ans. Leur amour a été inconditionnel jusqu’en 1963, date de leur installation dans un château du Lot entouré de 40 hectares, renommé le Perdrigal. Ils s’entourent de nombreux animaux, dont Pépée, une femelle chimpanzé qui devient l’enfant qu’ils n’ont pas eu. Pépée devient incontrôlable en grandissant, mais Ferré continue de la couver. Madeleine devient dépressive. Ferré la quitte par courrier le 29 mars 1968, lui laissant la ménagerie. Tombée d’un arbre, Pépée attrape la gangrène. Madeleine est obligée de la faire achever. Ferré ne le lui pardonnera jamais.
Avec le temps sort dans un 45 tours à l’automne 1970. Après une période de saturation pendant laquelle il refuse de la chanter sur scène, il la reprendra dans les dernières années, demandant au public de ne pas applaudir à la fin et de le laisser sortir en silence.
De nombreuses reprises ont vu le jour. C’est celle de Dalida que nous avons choisi de partager. La chanteuse avait intégré Avec le temps à son répertoire pour son concert à l’Olympia en novembre 1971, qu'elle a elle-même produit, Bruno Coquatrix n'acceptant pas de prendre le risque financier. Le frère de Dalida, Orlando, s'est chargé de tout. Témoin du triomphe de ce concert, Coquatrix fera ses excuses en public.
Biographies
Léo Ferré est né le 24 août 1916 à Monaco. Il est mort le 14 juillet 1993 à Castellina in Chianti (Toscane, Italie). Il a réalisé plus d'une quarantaine d'albums originaux couvrant une période d'activité de quarante-six ans.
De culture musicale classique, il dirige également à plusieurs reprises des orchestres symphoniques.
Fils de Joseph Ferré, directeur du personnel du casino de Monte-Carlo, et de Marie Scotto, couturière d'origine italienne, il intègre à l’âge de sept ans la chorale de la maîtrise de la cathédrale de Monaco comme soprano.
À neuf ans, son père, un homme catholique et rigide, l'envoie en pensionnat en Italie pendant huit ans, entre 1925 et 1934 où il sera victime d'abus sexuels de la part d'un prêtre. En secret, il lit les auteurs considérés comme subversifs par les religieux, Voltaire, Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé et découvre le sens du mot anarchiste, position dont il se revendiquait.
De retour à Monaco pour préparer son baccalauréat, il devient pigiste pour le journal "Le Petit Niçois" comme critique musical, ce qui lui permet d'approcher des chefs d'orchestre prestigieux.
À la fin de l'été 1946, Léo Ferré s'installe à Paris et se produit au cabaret Le Bœuf sur le toit où il s'accompagne au piano. Il se lie d'amitié avec Jean-Roger Caussimon, qui l’autorise à mettre en musique son poème À la Seine. Ensemble, ils créent plusieurs chansons particulièrement appréciées du public comme Monsieur William (1950), Le Temps du tango (1958), ou encore Comme à Ostende (1960).
Le 3 mars 1947, Léo Ferré signe son premier contrat avec l’éditeur musical Le Chant du Monde, proche du Parti communiste. En 1950, il rencontre Madeleine Rabereau qui soutiendra ses choix artistiques. Il adaptera aussi les poètes, dont Apollinaire, Verlaine, Rimbaud, Baudelaire et Aragon. Paris Canaille, sera son premier grand succès que de nombreux autres suivront tels que C’est Extra, Jolie Môme, Avec le temps…
Après un virage symphonique, il publie son dernier album en 1991, Une saison en Enfer en hommage à Arthur Rimbaud.
Dalida
(Iolanda Gigliotti 1933-1987)
Dernière arrivée dans la deuxième moitié des années 50, elle rattrape vite son retard, en devenant un modèle de beauté féminine sexuée et sexualisée. Des millions de jeunes filles de l’Europe entière l’ont prise comme modèle. Épaules dénudées, rouge à lèvres carmin, regard provocateur. Sa première chanson, Madonna, semble prémonitoire de son accession au statut d'icône. Elle sera une des premières françaises à vraiment marcher en Italie, en Allemagne et en Espagne.
Née le 17 janvier 1933 en Egypte, au Caire. Son père est violoniste. Elle va à l’école chez les sœurs, puis décroche un diplôme de sténo-dactylo. Secrétaire dans un laboratoire pharmaceutique, elle commence par faire des doublures.
Elle tourne à cette époque quatre films dont Le masque de Toutankhamon et L’or des pharaons.
Dalida décide de partir pour Paris. En 1955, elle court d’audition en audition et chante le succès de Gloria Lasso Etranger au paradis.
Levers de rideau (« de torchon », dit-on à l’époque) de Gréco ou d’Aznavour à la Villa d’Este, elle y gagne 15 francs par soir sous le nom de "Dalila".
Au printemps, on peut l’applaudir au Drap d’Or et dans des foires commerciales. Elle devient "Dalida".
Elle passe des auditions chez Pathé et Odéon, en vain. Son style est trop proche de celui de Gloria Lasso. Bruno Coquatrix l’auditionne et l’inscrit aux « Numéros 1 de demain », première (et unique) audition publique sur la scène de l’Olympia, organisée avec Lucien Morisse, directeur des programmes d’Europe 1.
Le patron de la maison de disques en vogue, Barclay, qui ne compte pas de "produit latin" à son catalogue, est subjugué par le charme de la chanteuse.
Très épaulée par Lucien Morisse, Dalida passe aux chansons pétillantes. Avec Bambino, elle l’emporte sur Gloria Lasso et Georges Guétary.
En 1957, elle enregistre Maman, la plus belle du monde et assure la première partie de Charles Aznavour à l’Olympia avec les Peters Sisters. Elle passe en américaine de Gilbert Bécaud à l’Olympia. Gondolier, la reprise d’une chanson de Petula Clark, va lui permettre d’accéder au succès.
Quand les disques “Gondolier” et “ Le jour où la pluie viendra” (signé Bécaud) sortent en 1958, c’est le raz de marée. Bambino est vendu à 350 000 exemplaires. Barclay, décide même de presser les succès de Dalida en 78 tours.
Radio Monte Carlo lui donne l’oscar 1958 de la popularité. Elle s’empare d’adaptations de succès italiens de Marino Marini ou Domenico Modugno et en fait des romances italiennes pétillantes.
Elle chante des adaptations signées Jacques Larue et Fernand Bonifay, mais aussi des titres signés Jacques Datin et Maurice Vidalin, Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Francis Blanche, Pierre Delanoë et Jacques Brel. Ses chansons sont souvent orchestrées par Raymond Lefèvre.
Avec son accent prononcé et sa coquetterie dans l’œil, Dalida jouera d'un exotisme mi-italien, mi-égyptien, avant de devenir diva disco rapidement promue en icône gay.
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