© Virginie Fendler

Chansons de tous les temps  

Après « Un petit air de francophonie », la première éphéméride à l’occasion de la semaine de la Francophonie de 2021, Le Hall de la chanson revient cette année, pour la 28e édition de la Semaine de la langue française et de la francophonie au doux mot d’ordre et d’inspiration À tous les temps. 
Son éphéméride composé de 7 chansons qui chantent le temps qui passe ou le temps qu'il fait, révélera, chaque jour sur le site du Hall de la chanson, une nouvelle chanson à entendre et à lire accompagnée de quelques lignes de commentaires sur l’œuvre et sur l’artiste qui l’a portée. 
Prenez le temps de jeter un coup d’œil et d'oreille à nos chansons de tous les temps, elles vont vous faire voyager dans la langue française par la voix des artistes. 



Quel temps fait-il à Paris ? (du film Les Vacances de Monsieur Hulot de Jacques Tati)

Paroles d’Henri Contet

Musique d’Alain Romans

© Editions Beuscher-Arpège, 1953

Répertoire de Lucienne Delyle

Avec l’aimable autorisation des éditions Beuscher-Arpège


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Paroles 

Au vent de Juillet
La mer effeuillait
Les vagues bleues des vacances
Et dans la clarté
Le sable doré

Je vous avais demandé :

Quel temps fait-il à Paris ?
Le ciel est-il noir ou gris ?
Vous m'avez dit :
Quand il pleut
A Paris c'est tout bleu
Ce n'était pas très sérieux
Vous regardiez mes yeux bleus
Mais près de vous j'ai compris
Que les yeux des amis

C'est le ciel de Paris   (« C’est le temps de Paris » dans la version de Lucienne Delyle)

Septembre est venu
Je vous ai perdu
Vous êtes loin des vacances
La plage et le vent
Le vent déchirant
Je vous écris tristement :

Quel temps fait-il à Paris ?
Ici le ciel est tout gris,
Mais quand je pense à nous deux,
Dans mon cœur c'est tout bleu,
Je n'ai pas trop de chagrin,
Votre ciel bleu c'est le mien.
Un souvenir de bonheur,
Votre nom, une fleur,

C'est le temps de mon cœur.



Si l’air du refrain de cette chanson vous est familier, sans doute étiez vous auditeur ou auditrice des Chemins de la philosophie d’Adèle Van Reeth sur France Culture, dont il accompagnait le générique de fin. Peut-être, et plus sûrement, admirez vous Jacques Tati.

Car ce fameux air n’est autre que le thème principal de la bande originale des Vacances de Monsieur Hulot, deuxième long-métrage de Jacques Tati après Jour de fête et première apparition du personnage de Monsieur Hulot.

La bande originale est signée par le compositeur et pianiste de jazz d’origine polonaise Alain Romans. Tati le rappellera pour son film Mon Oncle. Pour correspondre à l’atmosphère, Alain Romans compose ici un thème « jazzy » intitulé « Quel temps fait-il à Paris ? » qu’il fait dialoguer au début du film avec le bruit des vagues. Tel un leitmotiv la mélodie va traverser le film, déployant différentes orchestrations pour souligner la répétition de la vie quotidienne et la suspension du temps durant les vacances au bord de la mer.

Ce thème deviendra bien vite, sous le même titre, une chanson avec des paroles du grand Henri Contet, un des paroliers fétiches d’Edith Piaf, et des arrangements d’Aimé Barelli, le mari de Lucienne Delyle, qui en sera d’ailleurs l’interprète.

Si vous connaissez et la chanson et le film, peut-être mêlant les deux, vous songerez que ses paroles sont celles de la lettre de Martine, la jeune femme qui, en vacances chez sa tante, ne se montre pas indifférente à Monsieur Hulot qui, lui-même, ne serait pas insensible à elle. Allez savoir !


Biographies

Lucienne Delyle (1917-1962) 

Interprète

Née en 1917, très tôt orpheline, elle travaille dans une pharmacie comme préparatrice. Début 1938, elle remporte un radio-crochet en interprétant Mon légionnaire. Jacques Canetti, directeur artistique de Polydor et de Radio-Cité, l'engage dans son émission radiophonique "le Music-Hall des jeunes". Il lance ainsi sa carrière. Elle se produit dès septembre 1938 au cabaret Le grand jeu. En janvier et février 1939, elle enregistre pour la firme Columbia sous le nom de Lucienne Delyne (elle n'opte pour Delyle qu'à partir de mai suivant) : Dans mon cœur (A. Hornez /P. Misraki), Sans y penser (J.M. Huard-G. Groener / N. Glanzberg), Le Gallipétant (R. Bacley/L. Kirchner), Sur les quais du vieux Paris (L. Poterat / R. Erwin).

Lucienne Delyle se cherche un répertoire. Elle reprend deux chansons d'Edith Piaf : Elle fréquentait la rue Pigalle et Je n'en connais pas la fin, gravées en juin 1939. Elle obtient son premier succès avec Zumba (J. Larue / A. Lara, avril 1939) et passe en tête d'affiche à l'Européen en décembre 1939, puis à l'A.B.C. dans l'immédiat avant-guerre. En mars 1940, elle enregistre L'orgue chantait toujours (L. Poterat / P. Zeppilli), qu'elle crée sur la scène du cinéma Paramount en août 1940. En janvier 1941, elle grave Le paradis perdu (R. Fernay / H. May), valse tirée du film éponyme (Abel Gance, 1939), interprétée à l'écran par Micheline Presle, puis en avril suivant Y’a pas de refrain (M. Vandair / M. Monnot).

 Lucienne Delyle continue de se produire pendant l'Occupation : Alhambra (octobre 1941), Bobino (avril et septembre 1942), cabaret Le Doge (novembre 1942), cabaret l'Ecrin (janvier 1943), A.B.C. (février 1943), Européen (mai 1943). Le 7 juillet 1942, elle enregistre Mon amant de Saint-Jean (L. Agel / E. Carrara), un des plus gros succès de la période, et Nuages, adaptation chantée sur des paroles de Jacques Larue du standard de jazz de Django Reinhardt. Suivent, entre autres, Marie des Anges (Larue/Lopez), J'ai chanté sur ma peine (Hiégel/Météhen), Malgré tes serments (Christiné / Howard). A la Libération, Lucienne Delyle n'est nullement inquiétée par les comités d'épuration. Dès juillet 1945, elle enregistre des compositions de son mari Aimé Barelli, rencontré en 1940, comme Chez Johnny. Henri Contet, son auteur privilégié, signe notamment pour elle les textes de Brouillard, Quel temps fait-il à Paris ?, ou encore Emportez moi mon amour (1954). Sa carrière explose véritablement après 1945. Aimé Barelli lui compose de nombreux succès dont Embrasse-moi (1947). Chanteuse populaire de l'Après-guerre, elle multiplie les scènes (à l'Olympia dès son ouverture en février 1954), et les enregistrements. Java d'Emile Stern et Eddy Marnay, lui vaut le Grand Prix du disque en 1956. Elle meurt prématurément d'une leucémie en avril 1962.


Henri Contet (1904-1998)

(Auteur)

Henri Contet naît à Anost en Saône-et-Loire en 1904. Diplômé d'une école d'ingénieur, il débute sa carrière dans une compagnie téléphonique. Il abandonne ensuite pour devenir critique de cinéma. Intéressée par son style, Edith Piaf lui commande une chanson en 1942 : C'était une histoire d'amour. Henri Contet prend alors la relève de Raymond Asso comme parolier attitré de la chanteuse. Il lui signe, avec Marguerite Monnot, Aucune importance, Histoires de cœur (1943), Mariage, Y'a pas de printemps (1945), et, avec Norbert Glanzberg, Padam Padam (1952). Après la guerre, il écrit de nombreux titres pour Lucienne Delyle qui sont mis en musique par Paul Durand et par Aimé Barelli, le mari de la chanteuse : Un air d'accordéon (1945), Boléro, Ne dis plus rien (1948), Mon cœur attendait (1951), Emportez mon amour (1954). Toujours avec Paul Durand, il écrit pour Jacqueline François : De temps en temps (1951), Embrasse-moi bien (1953) ou Habanera (1954). Durant les années 1960, il est producteur à la radio, avant de devenir président de la SACEM. Il décède en 1998.


Alain Romans (Roman Abram Szlegynger, 1905-1988)

Pianiste de jazz et compositeur de musique de film

Né Roman Abram Szlezynger à Częstochowa en 1905, Alain Romans étudie à Leipzig, Berlin et Paris. Parmi ses professeurs : Vincent d'Indy. Il travaille ensuite avec Joséphine Baker et Django Reinhardt.

De 1932 à 1963, Alain Romans écrit la musique de treize films, d'un documentaire et d'une série TV.

Ses obsèques en 1988 ont eu lieu en présence du président national de l’Association des médaillés de la Résistance française de l’époque. Alain Romans était un ancien membre des Forces Françaises Libres. Parachuté en France en 1941, il fut dénoncé et déporté à Treblinka d’où il s’évada. Il fut à nouveau arrêté en France, condamné à mort et fusillé avec d’autres résistants. Laissé pour mort, il reprendra le combat




Si vous n'avez pas encore eu le temps de lire nos premiers rendez-vous, c'est par ici, ou encore ici et ici !


La semaine de la langue française et de la francophonie

23/03/2023 > 26/03/2023

le hall de la chanson