© Le Hall de la chanson

La chanson réaliste naissant au tournant des XIXe et XXe siècles, s'achevant avec la mort d'Edith Piaf il y a 50 ans, représente une des branches de la chanson française. On pourrait aussi l'appeler la dynastie des femmes en noir. 

Ces chansons quasi exclusivement écrites par des hommes, mais chantées exclusivement par des femmes mettent en scène une certaine représentation de « la » femme.

Edith Piaf appelait sa robe noire, « son bleu de travail ». On pourrait faire tout un lignage des femmes en noir. La chanteuse Eugénie Buffet, se retrouve en prison à la fin du XIXème siècle pour des raisons politiques. Elle y sympathise avec des prostituées. Elle achète le costume d’une prostituée de bas étage, celui d’une pierreuse (ainsi nommée car elle use la pierre en marchant et en attendant le client). Avec elle naît la première chanson réaliste, pleine de crudité, proche du roman réaliste de l’époque (Zola…). Elle peint la vie crument, telle qu’elle est, de manière clinique, avec une fascination pour la mort. Après Eugénie Buffet, viennent comme grandes figures de la chanson réaliste, Fréhel, Berthe Sylva, Damia, Marie Dubas et enfin Edith Piaf.

Edith Piaf est considérée comme la dernière chanteuse réaliste, par le choix de certaines de ses chansons et des thèmes qui y sont abordés, ainsi que par le soin qu’elle a de son image publique. Elle est en effet consciente que ce que son public aime chez elle, enfin dans son personnage « Piaf », en dehors de sa voix, c’est son aspect frêle, presque misérable, qui inspire la compassion. Elle change ainsi son entrée sur scène à l’Olympia, qu’elle faisait au centre, trop triomphale pour elle, pour rentrer de biais… De plus, toujours pour son image, elle est convaincue de la nécessité qu’un poète comme Jacques Prévert écrive pour elle. Elle lui commande une chanson sur elle. Il lui écrit « Cri du cœur ». On trouve dans ce texte, les ingrédients pour comprendre Edith Piaf, sa voix, ce qu’elle chante, ce qu’est la chanson réaliste…

Elle commence à chanter dès l’âge de neuf ans en compagnie de son père, un jongleur antipodiste. Elle interprète alors des chansons pathétiques, qui ne sont pas tout à fait des chansons vécues, ce que sont les chansons réalistes. Par la suite, Edith Piaf va interpréter des chansons réalistes, aux ambiances et scènes sombres, parlant de prostitution, de mort… à commencer par Comme un moineau, créée par Fréhel qu’elle apprécie beaucoup. Edith Piaf, qui elle-même écrit des chansons, choisit et oriente les auteurs compositeurs avec lesquelles elle travaille. Elle leur donne des indications précises sur ce qu’elle attend d’eux. Ce qui fait la force de son interprétation d’une chanson comme Elle fréquentait la rue Pigalle, c’est qu’Edith Piaf sait jouer les prostituées, elle les a connues et fréquentées…

Avec :
Serge Hureau : chant
Claude Barthélemy : guitare, oud
Olivier Hussenet : flûte basse

Chansons interprétées :

« Cri du cœur » (Jacques Prévert/Henri Crolla, © 1960 éditions Méridian)
« Coup de Grisou » (Henri Contet/Louiguy,  © 1943 éditions Salabert)
« Elle fréquentait la rue Pigalle » (Raymond Asso/Louis Maitrier, © 1939 éditions Beuscher)
« Quand même » (J. Mario -L. Poterat /J. Wiener,  © 1936 éditions Spera & Leduc)
« Le Brun et le Blond » (Henri Contet/Marguerite Monnot,  © 1943 éditions Beuscher)
« Comme un moineau » (Marc Hély/Jean Lenoir, © 1927 éditions Méridian)       
« Il riait » (Henri Contet/Georges Barthole, © 1945 éditions Beuscher)
« C’est toujours la même histoire » (Henri Contet/Daniel White, © 1943 éditions Beuscher)
« Le rideau tombe avant la fin » (Jean-Marc Thibault /Jacques Besse, ©1946 DR)

Ressources

Piaf : la dernière chanteuse réaliste

conférence-chantée