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Chansons de tous les temps  

Après « Un petit air de francophonie », la première éphéméride à l’occasion de la semaine de la Francophonie de 2021, Le Hall de la chanson revient cette année, pour la 28e édition de la Semaine de la langue française et de la francophonie au doux mot d’ordre et d’inspiration À tous les temps. 
Son éphéméride composé de 7 chansons qui chantent le temps qui passe ou le temps qu'il fait, révélera, chaque jour sur le site du Hall de la chanson, une nouvelle chanson à entendre et à lire accompagnée de quelques lignes de commentaires sur l’œuvre et sur l’artiste qui l’a portée. 
Prenez le temps de jeter un coup d’œil et d'oreille à nos chansons de tous les temps, elles vont vous faire voyager dans la langue française par la voix des artistes. 



Brouillard (P : Henri Contet / M : Paul Durand, 1947, Universal Music Publishing) répertoire Lucienne Delyle

Avec l’aimable autorisation des éditions Universal Music Publishing


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Paroles 

La brume tourne et se promène
Se colle sur les trottoirs gris
Pesante comme un peu de peine
Qui tomberait du paradis

Brouillard sur la grand' ville
Brouillard sur mon amour
Douleur à domicile
Qui rentre au petit jour

La ville étouffe de grisaille
Mon âme étouffe de chagrin
Le ciel a beau livrer bataille
L'ombre du cœur est en chemin

Brouillard sur la grand' ville
Brouillard sur mon amour
Douleur à domicile
Qui rentre au petit jour

Où es-tu, toi que j'appelle ?
Que fais-tu loin de mes bras ?
Si tu m'es toujours fidèle
Pourquoi ne reviens-tu pas ?

Brouillard sur la grand' ville
Brouillard sur tous les toits
Mon cœur est inutile
Puisque je suis sans toi




Après Quel temps fait-il à Paris ?, voici une autre chanson du répertoire de Lucienne Delyle sortie 6 ans auparavant : Brouillard. Si on retrouve Henri Contet aux paroles et Aimé Barelli, le mari de la chanteuse, aux arrangements, la musique est composée cette fois-ci par Paul Durand.

Pour cette chanson, où l’on retrouve le lyrisme fleur bleu qui fait le style de Lucienne Delyle, Paul Durand et Aimé Barelli, composent une musique tenant tout autant du jazz que de la musique impressionniste « néo-debussiste ». Ce mélange d’influences, que l’on retrouve au sein du Groupe des Six, à l’origine du cabaret Le Bœuf sur le toit, était à la mode jusque dans les années 40, et faisait la joie des chefs d’orchestre, comme Paul Durand, Chagnon, Cariven, Wal-Berg ou encore Metehen.

Brouillard et Quel temps fait-il à Paris ? comportent similitudes et différences. Les deux chansons parlent du temps qu’il fait pour évoquer les sentiments amoureux des personnages. La narratrice évoque les ravages provoqués par l’absence de l’être aimé. Si l’humour et la lumière sont présents dans Quel temps-fait-il à Paris ?, empêchant de sombrer dans le malheur grâce au souvenir, la narratrice de Brouillard se laisse, elle, envahir par le désespoir, trainant un « cœur inutile » sans l’être aimé.



Biographies

Lucienne Delyle (1917-1962) 

Interprète

Née en 1917, très tôt orpheline, elle travaille dans une pharmacie comme préparatrice. Début 1938, elle remporte un radio-crochet en interprétant Mon Légionnaire. Jacques Canetti, directeur artistique de Polydor et de Radio-Cité, l'engage dans son émission radiophonique "le Music-Hall des jeunes". Il lance ainsi sa carrière. Elle se produit dès septembre 1938 au cabaret Le grand jeu. En janvier et février 1939, elle enregistre pour la firme Columbia sous le nom de Lucienne Delyne (elle n'opte pour Delyle qu'à partir de mai suivant) : Dans mon cœur (A. Hornez /P. Misraki), Sans y penser (J.M. Huard-G. Groener / N. Glanzberg), Le Gallipétant (R. Bacley/L. Kirchner), Sur les quais du vieux Paris (L. Poterat / R. Erwin).

Lucienne Delyle se cherche un répertoire. Elle reprend deux chansons d'Edith Piaf : Elle fréquentait la rue Pigalle et Je n'en connais pas la fin, gravées en juin 1939. Elle obtient son premier succès avec Zumba (J. Larue / A. Lara, avril 1939) et passe en tête d'affiche à l'Européen en décembre 1939, puis à l'A.B.C. dans l'immédiat avant-guerre. En mars 1940, elle enregistre L'orgue chantait toujours (L. Poterat / P. Zeppilli), qu'elle crée sur la scène du cinéma Paramount en août 1940. En janvier 1941, elle grave Le paradis perdu (R. Fernay / H. May), valse tirée du film éponyme (Abel Gance, 1939), interprétée à l'écran par Micheline Presle, puis en avril suivant Y’a pas de refrain (M. Vandair / M. Monnot).

Lucienne Delyle continue de se produire pendant l'Occupation : Alhambra (octobre 1941), Bobino (avril et septembre 1942), cabaret Le Doge (novembre 1942), cabaret l'Ecrin (janvier 1943), A.B.C. (février 1943), Européen (mai 1943). Le 7 juillet 1942, elle enregistre Mon amant de Saint-Jean (L. Agel / E. Carrara), un des plus gros succès de la période, et Nuages, adaptation chantée sur des paroles de Jacques Larue du standard de jazz de Django Reinhardt. Suivent, entre autres, Marie des Anges (Larue/Lopez), J'ai chanté sur ma peine (Hiégel/Météhen), Malgré tes serments (Christiné / Howard). A la Libération, Lucienne Delyle n'est nullement inquiétée par les comités d'épuration. Dès juillet 1945, elle enregistre des compositions de son mari Aimé Barelli, rencontré en 1940, comme Chez Johnny. Henri Contet, son auteur privilégié, signe notamment pour elle les textes de Brouillard, Quel temps fait-il à Paris ?, ou encore Emportez moi mon amour (1954). Sa carrière explose véritablement après 1945. Aimé Barelli lui compose de nombreux succès dont Embrasse-moi (1947). Chanteuse populaire de l'Après-guerre, elle multiplie les scènes (à l'Olympia dès son ouverture en février 1954), et les enregistrements. Java d'Emile Stern et Eddy Marnay, lui vaut le Grand Prix du disque en 1956. Elle meurt prématurément d'une leucémie en avril 1962.


Henri Contet (1904-1998)

(Auteur)

Henri Contet naît à Anost en Saône-et-Loire en 1904. Diplômé d'une école d'ingénieur, il débute sa carrière dans une compagnie téléphonique. Il abandonne ensuite pour devenir critique de cinéma. Intéressée par son style, Edith Piaf lui commande une chanson en 1942 : C'était une histoire d'amour. Henri Contet prend alors la relève de Raymond Asso comme parolier attitré de la chanteuse. Il lui écrit, avec Marguerite Monnot, Aucune importance, Histoires de cœur (1943), Mariage, Y'a pas de printemps (1945), et, avec Norbert Glanzberg, Padam Padam (1952). Après la guerre, il écrit de nombreux titres pour Lucienne Delyle qui sont mis en musique par Paul Durand et par Aimé Barelli, le mari de la chanteuse : Un air d'accordéon (1945), Boléro, Ne dis plus rien (1948), Mon cœur attendait (1951), Emportez mon amour (1954). Toujours avec Paul Durand, il écrit pour Jacqueline François ou Réda Caire : De temps en temps (1951), Embrasse-moi bien (1953) ou Habanera (1954). Coup de grisou, Il riait, Monsieur St-Pierre, écrits pour sa maitresse d’un temps, Piaf, sont des chefs d’œuvre d’humour caché ; Durant les années 1960, il est producteur à la radio, avant de devenir président de la SACEM. Il décède en 1998.

Paul Durand

(1907-1977)

Né à Sète. Musicien par « hérédité », il étudie l'harmonie au conservatoire et devient organiste à Sète. Il écrit sa première chanson en 1936 pour Réda Caire : Dis-moi que tu m'aimes d'amour. En 1938, il est à Paris, jouant du piano dans les cabarets. Son premier succès, la chanson "triste" de la guerre, Je suis seul(e) ce soir, est chanté par Léo Marjane en 1942 et devient la complainte des femmes dans la guerre. Henri Varna l'appelle pour diriger l'orchestre du Casino de Paris.

De 1947 à 1949, Paul Durand anime une émission sur le Poste Parisien : "La Kermesse aux Chansons" dans laquelle il révèle Eddie Constantine, Jacqueline François, Dario Moreno, Les Sœurs Etienne.

En 1950, il accompagne toutes les vedettes de passage et effectue des tournées de musique symphonique légère en Europe. Il a écrit en tandem avec Henri Contet deux grands succès de Jacqueline François : Mademoiselle de Paris et Boléro.




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La semaine de la langue française et de la francophonie

25 Mar. et 26 Mar. 2023

le hall de la chanson